En juin 2014, on découvrait les étonnantes images de jeunes hommes de la tribu amazonienne Sapanahua émergeant de la forêt pour établir le premier contact de leur vie avec le monde extérieur, non loin de la frontière entre le Brésil et le Pérou.
Au bien-nommé village de Simpatía, ils furent accueillis notamment par José Carlos Meirelles, un anthropologue de la Funai (la Fondation nationale de l’Indien, organisme gouvernemental brésilien régissant les relations avec les peuples indigènes), qui, entre autres tentatives de fraternisation, a essayé de communiquer avec les nouveaux venus en chantant.
Grâce à lui, et au réalisateur Angus Macqueen, qui a entrepris de filmer neuf mois plus tard son travail auprès de 35 Sapanahua, hommes, femmes et enfants, installés dans une réserve sous protection de la Funai, on découvre dans ce film que les mélopées des chercheurs ont été très sévèrement jugées (« Ils chantent comme de la m… », « Ce que c’est laid »…) par les premiers membres de la tribu à traverser le fleuve. C’est l’un des moments drolatiques de cet extraordinaire document, qui décrypte notamment la langue des Sapanahua, jusqu’alors connue d’eux seuls. Pourquoi ce peuple, l’un des derniers vivant encore en autarcie au fond de l’Amazonie, a-t-il décidé de sortir de son isolement ? Pourquoi quitter une vie au plus près de la nature pour partir à la rencontre d’un homme blanc qu’ils ont appris, sans le connaître, à redouter comme la peste ? À travers ce document extraordinaire, Angus Macqueen laisse entrevoir une existence passée de plus en plus difficile, bien loin d’un éden rêvé : entre envie de s’assimiler à la vie moderne et angoisse constante de disparaître, entretenue par des agressions extérieures. Il montre que ce premier contact a résulté de profonds bouleversements et de conflits intérieurs